“Mais Maman, je te dis que si, je me souviens quand j’avais 2 ans, je me souviens ce qu’il m’a fait ! Il m’a violé !”

Beaucoup de personnes ont des souvenirs avant l’âge de trois ans. Beaucoup sont aussi en amnésie. On parle alors d’amnésie physiologique, c’est-à-dire dû au petit âge.

Sur son site Mémoire Traumatique.org, le Dr Muriel SALMONA l’explique très bien :

les amnésies physiologiques sont liées à l’âge, à la prise de toxiques ou à des démences. Avant 2-3 ans, un enfant n’a pas de mémoire autobiographique, cela est dû à une immaturité de son circuit d’intégration de la mémoire, particulièrement de l’hippocampe qui est assimilable à un logiciel permettant de traiter des faits biographiques, de les encoder, de les stocker dans le “disque dur” du cerveau et donnant la possibilité d’aller les rechercher ensuite pour s’en souvenir. L’enfant de moins de 2-3 ans est dépendant des adultes pour avoir accès à son histoire, exceptionnellement il peut avoir des souvenirs qui remontent à 12-18 mois, en revanche il a une mémoire émotionnelle somatique et sensorielle qui fonctionne. Par conséquent, s’il a subi des violences il n’en a pas de mémoire autobiographique, mais il en a une mémoire traumatique somatique (douleurs, perceptions), émotionnelle (peur, angoisses), sensorielle (flash-back, “hallucinations” visuelles, auditives, olfactives, cénesthésiques). De même pour une personne qui s’est retrouvée sous l’emprise de toxiques à hautes doses (GBH, et autres benzodiazépines et psychotropes, alcool, drogues) ou dans un état de démence, l’hippocampe peut être momentanément déconnecté ou altéré, les faits ne pourront pas être traités et il n’y aura pas de souvenirs autobiographiques, mais là aussi il y aura en revanche une mémoire émotionnelle traumatique.”

Un enfant peut donc aussi se souvenir de ce qu’il a vécu très petit. Et, cela va se manifester de différentes manières. L’enfant tout-petit et victime de violences sexuelles aura une mémoire traumatique somatique active. Il aura mal dans son corps. On dira souvent que c’est la croissance. Il aura une mémoire traumatique émotionnelle non comprise. Il aura des peurs incontrôlées. Des angoisses. On dira que c’est l’âge où il a peur du noir. Il aura une mémoire traumatique sensorielle dynamique. Il croira qu’il y a quelqu’un dans sa chambre, qui tire sa couette, qui dit de se taire. On dira qu’il invente, qu’il imagine, qu’il a vu ou entendu un extrait de film que regardait ses parents.

Et si on écoutait différemment nos enfants ?

Je vous invite à lire le site du Dr Salmona : https://www.memoiretraumatique.org/psychotraumatismes/troubles-cognitifs-amnesie.html

Pour vous former sur l’accompagnement des victimes de violences sexuelles, c’est ici : https://coeurpivoine.learnybox.com/puissance-6-1/